Voici une question bien souvent controversée, y compris au sein du corps médical. Certains affirment que le stress ne joue aucun rôle dans la fertilité, d’autres affirment le contraire. Voyons concrètement ce qui se passe dans l’organisme et si le stress peut réellement empêcher une grossesse.
Qu’est-ce que le stress ?
Ce n’est ni plus ni moins qu’une projection de ta pensée !
Imagine que tu sois dans ta voiture et coincée dans un embouteillage alors que tu as un rendez-vous.
Tu as le choix : soit tu commences à bouillir de l’intérieur parce que tu vas être en retard et tu râles sur la terre entière, soit tu acceptes la situation et fais en sorte de prévenir de ton retard. Et quitte à être coincée dans la voiture, tu en profites même pour mettre ta chanson préférée a fond !
Le stress, c’est ça : une projection de ta pensée car dans les deux cas, la situation est identique.
Ce qui change, c’est ta manière d’y réagir. Cela s’applique bien évidemment à ton désir de grossesse.
Comment fonctionne le stress ?
Pour mieux comprendre le stress (et ses conséquences), tu dois savoir que le stress fonctionne en 3 phases :
- Phase d’alarme : prépare le corps à affronter l’événement stressant
- Phase de résistance : donne l’énergie nécessaire
- Phase d’épuisement : lorsque le corps est submergé (LA phase la plus problématique pour l’organisme)
Pour bien visualiser le stress, j’aimerais te demander d’aller chercher une bouteille d’eau (ou de ce que tu as sous la main mais qui pèse au minimum 1 kilo). Prends maintenant cette bouteille à bout de bras, tu lèves ton bras devant toi dans le prolongement de ton épaule.
Tu y arrives n’est-ce pas ? Rien de bien compliqué, on est d’accord.
Et si je te demande de garder cette position plus longtemps ? Disons 3 minutes ? 15 minutes ? 1 heure ?
Il y a des chances pour que tu déclines la dernière proposition… Pourquoi ? Parce que même quelque chose de simple va changer de niveau de difficulté selon la durée. Ton stress fonctionne exactement de la même manière.
Tu es parfaitement capable de faire face à un stress occasionnel et de courte durée.
Là où ça coince à l’heure actuelle, c’est que le stress n’est plus occasionnel mais permanent : nos rythmes de vie personnel et professionnel peuvent facilement nous faire basculer insidieusement dans un état de stress de longue durée.
Quels sont les effets du stress sur ton organisme et ta fertilité ?
De plus en plus de recherches confirment un lien étroit entre le stress, l’anxiété, la dépression et l’infertilité
Lorsque tu es stressée, tu n’as probablement pas autant de rapports sexuels (oui c’est paradoxal…), et tu as aussi plus de risques d’avoir un comportement (souvent inconscient) nuisible à la fertilité (ex : compenser son stress avec du sucre).
Mais voyons concrètement ce qui se passe dans ton corps lorsque tu es stressée.
En réaction au stress, l’hypothalamus va :
- stimuler les surrénales qui vont produire du cortisol (qui va entrer en compétition avec la progestérone et la rendre moins « active »)
- resserrer les vaisseaux sanguins (et réduire le flux)
- libérer le sucre dans le sang pour avoir plus d’énergie (ce qui perturbe le reste de ta production hormonale en raison du pic d’insuline)
- modifier la structure de l’ADN ! (on parle alors de transgénérationnel)
- réduire la fertilité de 46% (le stress est particulièrement mauvais en phase pré-ovulatoire).
Pour faire simple, il s’agit d’un effet en cascade qui va perturber la production d’hormones utiles à la mise en route d’une grossesse : à savoir une augmentation des oestrogènes et une chute de la progestérone… Donc pour résumer : un cycle perturbé, une ovulation de moins bonne qualité, un syndrome prémenstruel accru, etc.
Une étude publiée en 2016 par des chercheurs de l’université de Louisville, aux État-Unis, a été réalisée sur 400 femmes âgées de moins de 40 ans. Leur taux d’hormones de stress était mesuré via des échantillons d’urine tout au long du suivi, soit une durée de vingt mois (ou moins pour les 139 grossesses survenues à l’issue de l’expérience). Selon les analyses statistiques des chercheurs, la probabilité d’une grossesse était réduite de 46% si les participantes se sentaient stressées durant la période d’ovulation. Et le fait que ces femmes aient déjà un premier enfant ou non n’a aucune incidence : le stress réduit leur chance de la même manière.
D’autres recherches indiquent que le stress peut avoir un impact sur d’autres aspects de la fertilité au-delà de l’ovulation, notamment des problèmes de fécondation et d’implantation dans l’utérus.
Une étude de l’Université de Californie à San Diego a révélé que les femmes les plus stressées subissant une FIV avaient moins de succès à chaque étape (moins d’ovocytes récupérés et moins d’ovules implantés avec succès) que les femmes plus détendues.
Le véritable danger du stress est le cercle vicieux qui s’installe : être incapable d’être enceinte peut être une source énorme de stress, d’anxiété et de dépression, selon le Dr Alice Domar et c’est quelque chose que je constate quotidiennement auprès des femmes qui débutent l’accompagnement avec moi. Une étude japonaise a révélé qu’environ 40% des femmes présentant des problèmes de fertilité étaient cliniquement anxieuses ou déprimées avant même d’avoir commencé à recevoir un traitement contre l’infertilité. Au fil des mois, les sentiments de stress, d’anxiété et de dépression entrent souvent en jeu. Donc, même si la cause physique de l’infertilité est traitée médicalement, il est possible que des niveaux élevés de stress rendent la grossesse plus difficile.
A ma petite échelle, ces études sont en parfaites adéquations avec les femmes qui suivent mes programmes. Plus de 70% mettent en route une grossesse dans les 12 mois qui suivent l’accompagnement et parfois même avec des grossesses spontanées ( = sans intervention médicale). Ce qui est énormissime lorsqu’on compare ce chiffre avec ceux des réussites en PMA (30% pour les FIV et 15% pour les inséminations). Bien sûr, je ne dis pas qu’une aide médicale n’est pas nécessaire ! Je dis simplement qu’être accompagnée augmente considérablement les chances de réussite grâce à une approche globale, prenant à la fois en compte la dimension physiologique et émotionnelle.
Source : Akhter S, Marcus M, Kerber RA, Kong M, Taylor KC. « The impact of periconceptional maternal stress on fecundability. » Ann Epidemiol. 2016 Aug 20.
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